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l'internationale intersticielle - Page 7

  • Pierre Della Giustina : une exposition-jalon

    Une exposition Pierre Della Giustina ça se mérite. Tant pis si c’est le marché et la Feria du Riz.

    IMG_0879.jpgOn trouve toujours une place pour se garer dans Arles puis arpenter un dédale de rues ponctuées de clins d’œil graphiques.

    Et si « la douceur des choses » est un peu chauffée à blanc par la canicule, on parvient quand même place de la République.

     

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    A l’ogivale Chapelle Sainte-Anne (vis-à-vis Saint-Trophime) qui abrite jusqu’au samedi 8 octobre 2016 d’impressionnants Sculptures/Gravures/Bas-reliefs de cet artiste exigeant qui mène, depuis un certain temps déjà, une lutte pleine de risques et de conquêtes avec la matière, avec l’espace, avec les couleurs et la lumière.

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    Pierre ne sort pas toujours victorieux de cette confrontation avec son « work in progress ». Elle le conduit à expérimenter sans cesse, en remettant sur le métier des œuvres qu’il modifie, transmue, décompose et recompose au sein de l’atelier de son Auvergne natale.

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    Cette façon démiurgique de pétrir sa création a quelque chose d’héroïque qui finit paradoxalement à mettre celle-ci en péril. Mais n’en est-il pas de même pour tout véritable artiste ? C’est-à-dire pour tous ceux qui s’adonnent à l’art avec le souci primordial de ses enjeux. Pierre Della Giustina a choisi un chemin difficile mais qui a ses moments de gloire (un mot qu’il n’aimerait pas).

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    Cette exposition en est un. Pierre aime les défis. Les amateurs, les collectionneurs qui suivent fidèlement son parcours très personnel le savent bien. Della-comme ils disent- n’est pas du genre à rechigner devant la tâche.

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    A fortiori si celle-ci nécessite la résolution de problèmes techniques comme c’est ici le cas avec suspension de gigantesques assemblages presque abstraits.

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    Amaigri par le travail, ému et joyeux, Pierre Della Giustina a su s’inscrire dans cet ancien musée lapidaire, « un lieu impressionnant » dont il redoutait, à juste titre qu’il puisse « devenir écrasant ».

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    L’ovation qui lui fut réservée pendant le vernissage ne partait pas seulement de ses amis, des officiels et des organisateurs de l’association Originart, promoteurs de cette exposition-jalon, tout à la fois rétrospective et ouverte sur des voies nouvelles où la peinture et la sculpture cessent d’être perçues contradictoirement. Où l’une mène à l’autre et réciproquement comme le mouvement d’un métronome.

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    Cette manifestation d’admiration mêlée d’affection venait du cœur du public, nombreux ce samedi radieux. « Travailler sur le vide, créer de la légèreté et de la dynamique »… le plasticien, très conscient de son rôle, n’en finissait pas d’expliquer à tous ceux qui lui posaient des questions. Trop de questions peut-être mais on ne saurait bouder son plaisir. L’Homme qui marche, la grande statue, point d’orgue de l’absidiole, mettait son grain de sel en dialoguant avec le soleil tombé de la verrière.

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    On aimerait avoir un palais -ou du moins un haut  plafond- pour s’offrir un groupe de Della qui présente aussi des gravures.

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    La manière dont il renouvelle le thème -trop traité (ou maltraité)- de la tauromachie a sans conteste de quoi attirer et intriguer les aficions.

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    Dans les limites de cette note, il est exclu de s’attarder sur chacune des œuvres présentées à la Chapelle Sainte-Anne. Si nous avons privilégié les détails, c’est que nous ne saurions déflorer en quoi que ce soit une exposition incontournable. Les amateurs ont d’ailleurs presque un mois (attention ça passe vite !) pour la découvrir.

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  • Comment construire une cathédrale

    Les Invraisemblables. C’est dans cette nouvelle collection des éditions Plein Jour que sort le livre de Mark Greene centré sur Justo Gallego Martinez, bâtisseur solitaire (ou presque), d’une chimère de briques qu’il n’achèvera jamais. Comment construire une cathédrale. Sous cette apparence  de guide pratique au titre prometteur, l’ouvrage de l’écrivain franco-américain remonte aux débuts d’une entreprise irraisonnée et hors du temps.

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    Quand Justo, moine-paysan de la région de Madrid, décida il y a soixante ans d’édifier sur son champ ce qui allait devenir le plus grand work in progress d’Espagne après la Sagrada Familia.

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    Il n’y avait alors aucun Gaudi pour les nuls. Justo, sans plan, sans expérience d’architecte ou de maçon dut tout apprendre par lui-même et par des lectures disparates. Au fur et à mesure qu’il réalisait son œuvre. On sait cela. La toile est pleine des exploits don quichottesques de ce personnage à la poursuite obstinée de son idée.

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    Le livre de Greene nous apporte bien autre chose que ces faits curieux dont se contentent souvent ceux qui considèrent la vie et l’œuvre des autodidactes inspirés comme un palliatif  à leur imagination défaillante. Précisément parce que l’auteur n’hésite pas à parler de lui ou de son père photographe qui renonça à la photographie. Passés par le filtre de sa sensibilité et de son histoire, l’œuvre et le destin de Justo Gallego nous deviennent plus intelligibles. C’est peut être ce que les éditeurs de ce récit, désignent comme «une divagation romanesque incarnée dans ce héros de l’acte absurde (…) ».


    La portée de ce livre d’une densité multiforme malgré sa petite centaine de pages, tient surtout au parallèle qu’il esquisse entre la construction de Gallego et l’écriture de Greene. Habilement, sans fausse humilité ni outrecuidance, Greene règle son pas sur le sujet de son étude. Ne demandant pas plus à la création que ce que Gallego lui a demandé : avancer, avancer toujours.

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    Une brique, une phrase, en appelant une autre. En cette rentrée littéraire 2016 où la tendance est au  « cosmopolitisme », il est réconfortant de rencontrer un écrivain comme Mark Greene, né à Madrid et hispanisant, qui ne craint pas de dire : « Je ne voyage presque pas (…) ». Cela nous rappelle le Levi-Strauss de Tristes tropiques qui se désolidarisait des explorateurs.

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    On croise d’autres people dans le récit de Mark Greene : Samuel Beckett qui attend l’autobus, Maria de Jesus de Agreda, mystique favorite de Gallego, le Péruvien Manuel Scorza, victime d’un accident d’avion près de la Cathédrale. Siméon le Stylite aussi comme dans un film de Luis Bunuel.

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    Affleure dans le texte de Greene une structure picaresque dont les morceaux de bravoure sont le voyage avorté de Justo à Jérusalem et l’émouvant chapitre où Justo en équilibre précaire sur un échafaudage passe toute une nuit à attendre le secours d’Angel (son auxiliaire).

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    Une façon très efficace de suspendre le lecteur au fil de ce récit.

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  • Tom’s house : the irish republic of Plaka

    Athènes à Tom montre son tolérant visage et Tom le lui rend bien.

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    Pendant la dernière campagne électorale, il improvisait pour la ville un de ces spectacles philosophiques que, de toute antiquité, les Grecs ont su goûter.

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    Peu soucieux de la circulation automobile, ce grand diable d’Irlandais, coiffé d’un haut-de-forme empanaché d’une branche d’épicéa, parcourait la place Syntagma en tirant derrière lui un aspirateur, auquel il parle comme à son chien.

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    Tom est l’unique représentant du « Democratik Plaka Party » et le seul citoyen de l’« Irish Republic of Plaka » qu’il a installée dans une maison en ruines du quartier préféré de Melina Mercouri.

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    Il vient lire son journal, sur un lutrin de son invention, dans son « recycled garden »

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    Là, sur un terrain vague qu’il squatte depuis trois ans, il a aménagé son « Tali-ban holiday camp » et son « Bin-Laden’s café ». Le terrorisme international ne lui inspire pas que des calembours.

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    Cabriolet au moteur rempli de terre, peluches dans une cage à oiseaux, marionnette barbue affublée d’un keffieh : il s’est entouré d’un décor où il exorcise par la dérision la violence diffuse où nous baignons.

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    On s’interroge sur la portée artistique d’une telle installation. Elle lui vaut la sympathie de ses voisins. Un monsieur lui confie les clés de sa voiture, une dame lui lance, soucieuse de son confort, un coussin depuis son balcon.

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    Il se peut que Tom de Plaka aime trop la popularité. Il se peut qu’il ne crée pas d’œuvres véritables. Mais il se peut aussi que bien des aspects de sa vie relèvent de la « performance ».

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    Cet article sur Tom de Plaka, écrit en mars 2004 par Jean-Louis Lanoux, a figuré un certain temps sur le site (souvent remanié) de l’association abcd. Pour accompagner des photos retrouvées de ce temps olympique, L’ii a décidé de lui faire nouvel accueil.

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  • Le klounn de Moris

    De Maurice (l’île), des images nous arrivent avec du beau langage autour : « Mo pa konn lir, pa konn ékrir, pa konn servi télefonn touch, facebook tousala ».

    On aura compris même si on ne parle pas créole. L’heureux propriétaire de ces paroles, qui prouvent que le monde entier ne s’abandonne pas encore à la boulimie de la connexion électronique, est un marchand de légumes du village d’Olivia.

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    Ras Kucha c’est son nom ou plutôt son surnom. Monsieur Herold Leonor (son véritable patronyme) abrite un joli talent artistique sous des habits de klounn. Son père Harold n’aimait pas trop ça de le voir faire l’auguste.

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    Après la disparition de celui-ci, Ras Kucha n’en a pas moins continué son cirque, lui donnant une extension particulière où son sens aigu du bricolage et son goût des costumes colorés s’est donné libre cours.

    « Je m’intéresse surtout à ce qui se perd » dit fort justement ce sage de 41 ans qui bouillonne de vitalité ludique. Amoureux des jouets, il en décore sa bicyclette carénée comme une barque flottant sur le destin.

    Si quelqu’un de nos lecteurs pratique le mauricien couramment, nous aimerions qu’il nous traduise cette phrase où Ras Kucha éclaire la signification de son pseudonyme : Kucha signifie « métèr chula » et puis « kucha a coz bien longtemps mo ti p faire ek vane kucha ».

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  • De Bernard à Renard

    Jules_Renard_by_Vallotton.jpgRenard par Bernard. Tristan_Bernard_1911.jpg

    Autre pensée du jour.

    Issue de la dédicace à Jules Renard en avant-propos des Mémoires d’un jeune homme rangé de Tristan Bernard :

    couv bernard.jpg« Je croyais (…) que Dickens vous avait fortement impressionné. J’ai su depuis que vous le lisiez peu. Mais vous possédiez comme lui cette lanterne sourde, dont la clarté si pénétrante (…) vous permet de descendre en vous, et d’y retrouver sûrement de l’humanité générale et nouvelle. Ainsi vous éclairez, en vous et en nous, ces coins sauvages où nous sommes encore nous-mêmes, où les écrivains ne sont pas venus arracher les mauvaises herbes et les plantes vivaces pour y poser leurs jolis pots de fleur. »

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  • Les robes de Camille

    couv femme.jpgL’interstiCiel à la mode Claudel. D’Henri Asselin, critique d’art, modèle et ami de cette artiste lancée à corps perdu dans l’aventure de la sculpture, cette citation en exergue d’un chapitre d’Une femme, le livre d’Anne Delbée

    « Camille arborait les robes les plus extravagantes et surtout des coiffures faites de rubans et de plumes où se mariaient mille couleurs. Car il y avait dans cette artiste géniale, une démesure, quelque chose d’éternellement enfantin … »

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  • Voisin, Voisine

    Connards ! Vous n’êtes pas seuls au monde.

    C’est ce qu’on a envie de crier dans sa cour maintenant que les bricolos du samedi  sont de retour. Mais pourquoi hurler ? De toutes façons avec le bruit de la perceuse personne n’entend. Mieux vaut écrire. De sa belle plume ou à grand renfort d’imprimante : Chers voisins. c’est le titre d’un petit bouquin paru chez J’ai Lu en 2013. Son sous-titre dit bien ce qu’il veut dire : Mots doux et petites querelles de voisinage.

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    Il recueille un tas de ces petits messages goguenards, plaintifs, agressifs ou prometteurs qui agrémentent la vie de nos parties communes dans les immeubles de nos villes.

    « Merci à la personne de bien vouloir cesser de dessiner des bites sur le mur ».

    « Si tu continues à prendre cet (sic) cage d’escalier pour un libre service , je vais te mettre l’anus comme une pièce de 5 francs ».

    « Je suis désolée et c’est embarassant (sic) mais ma culotte est tombée sur ta rembarde (sic) ! ».

    « Il y en a mard (sic) du bordelle (sic) toute la nuit !!! ».

    « Prière de ne pas jeter vos animaux par les balcons ».

    « Je suis très heureuse de l’épanouissement de votre vie sexuelle. Mais ma patience a des limites ».

    On en passe et des meilleures. les auteurs de cet hilarant ouvrage : Aurélie C. & Olivier V. (9ème étage gauche) ont eu la bonne idée de reproduire tels quels ces documents éphémères.

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    Dans leur jus, ils témoignent de cette expression spontanée et épidermique qui – mieux que les bombages encodés dans la norme du street art – est l’œuvre de l’affect le plus individuel et le plus immédiat.

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  • André de Richaud sur le feu

    richaud rouge.pngAndré de Richaud au feu fait sa part.

    Dans un recueil de nouvelles publié par Le Temps Qu’il Fait en 1986, une phrase comme une étincelle donne le départ à un nouveau foyer interstiCiel : « Mais tout flambe dans le monde comme tous mes récits veulent flamber en poèmes ».

    Quelle meilleure clé de l’œuvre de Richaud que cette phrase de Richaud ?

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    En cet été d’autos de pompiers sillonnant les routes du Comtat, du Luberon et des Alpilles, cette phrase se hisse à la hauteur baroque d’un vers de Jean de Sponde couvant dans ma mémoire : « N’est-ce donc pas assez que je sois tout en flamme ».

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    La nuit en Provence fournit parfois le spectacle d’un brasier dansant à des dizaines de kilomètres. Remonte alors de notre esprit le souvenir soufré de médiévales dévastations, de catastrophes naturelles ou morales d’un autre temps. Cités incendiées, mur de peste, chagrins d’enfance.

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    L’insomnie ainsi propagée, le déboussolage propice à la lecture d’André de Richaud peut faire son effet. C’est le moment de se plonger dans Le Feu, une des six nouvelles de La Part du diable. Richaud, dans la veine fantastique et rurale qui lui est propre, y chronique la foudre imaginairement. Celle tombée d’un orage romantique qui a la violence d’un pays dont le Ventoux est le Fuji.

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    Le père d’Hubert le facteur -personnage central du récit- en un éclair fut emporté quand son fils avait 5 ans. On retrouva sa « peau boucanée, étendue sur la maîtresse branche d’un chêne comme une chemise à sécher ». Que faire de la dépouille ? La porter en procession à la veuve. Non sans admirer au passage le tour de main du ciel : « Souple et toute dorée, la peau avait été décollée par un artiste (...) fendue du sommet du crâne à l’anus suivant la colonne vertébrale ».

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    S’insère alors dans cette histoire complexe et nourrie d’éléments biographiques transposés un épisode où la cruauté, le scabreux, l’humour noir et le fétichisme morbide s’emboîtent. La mère d’Hubert et sa tante Clara s’emploient à redonner figure humaine au cadavre avant de l’enterrer. En le rembourrant avec de la laine prélevée dans un matelas éventré. « Quand le cadavre fut bien rebondi -les fesses faisaient plaisir à voir-, les deux femmes (...) cousirent le tout, tapèrent un peu du plat de la main comme on le fait aux édredons et retournèrent la poupée. « Oh ! Marie !...» s’écria la tante Clara qui n’était pas mariée, en rougissant. Marie avait passé la laine jusque dans les plus petits recoins sans prendre garde à ce qu’elle faisait. »

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  • Luigi Buffo in situ et in suo tempore

    Une douzaine de photos de Luigi Buffo prises in situ à la fin des années 80.

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    Ce bonus est dédié à ceux qui auraient besoin d’un encouragement supplémentaire pour tourner leur esprit et leur GPS vers le pôle angélique du musée de Carla-Bayle.

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    Quand ces clichés ont été réalisés, on baignait encore dans l’argentique et même dans le noir et blanc.

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    En témoigne l’album dont notre consoeur Animula agrémenta son défunt blogue en 2005.

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    Lors de son petit reportage Ani ne put tirer le portrait de Luigi Buffo.

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    Celui-ci, encore vivant mais déjà malade, ne sortait plus de sa maison.

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    On se reportera donc avec intérêt aux photos de Jean-François Maurice montrant le créateur travaillant sur le motif.

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  • Angélique musée à Carla-Bayle

    Angélique et Carla. « Vous imaginez la scène ...» comme disent les sujets de rédaction. Deux vacancières en visite dans un château du Moyen-âge ? Pas du tout.

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    Rien qu’une avant-garde de l’armée interstiCielle en reconnaissance dans le Lauragais et ses chats blancs.

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    Lauragais d’où l’on glisse dans l’Ariège voisine à la poursuite d’une sirène croisée en Haute-Garonne et retrouvée, endormie dans sa robe de bois, au milieu d’un village perché dont la fontaine rustique jouxte les pompes à incendie comme parapluie et machine à coudre dans un Chant de Maldoror.

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    Aux aréoles en forme de coeur ornant les seins de la femme-poisson en ciment peint, on aura reconnu le style de René Escaffre dont le parterre de Roumens demeure intact, continuant à témoigner en pleines contorsions de notre siècle d’une société rurale imaginairement paisible parce que défunte.

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    Quant à la sombre et sobre sirène sculptée dans une branche c’est le petit musée de Carla-Bayle qui veille sur son sommeil immobile.

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    Les Amoureux d’Angélique c’est son nom.

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    Si l’on demande pourquoi à son propriétaire, conservateur et gardien, le collectionneur Pierre-Louis Boudra aux pieds chaussés de charentaises, il vous dit qu’Angélique c’est cette figurine en robe rouge au dessus de son bureau de poupée, non loin du présentoir de cartes postales représentant les oeuvres de Luigi Buffo.

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    Dans un pays où le souvenir du preux Roland et de sa fiancée aux bras blancs reste vivace, le visiteur sera bien inspiré de ne pas en demander davantage.

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    On pourrait pourtant, remontant à l’Arioste, voir dans cette Angélique, la belle convoitée qui, dans un autre cycle de la légende, rendit fou le neveu de Charlemagne en lui préférant un jeune Sarrasin.

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    Mais peu importe. Le musée des Boudra s’accommode du mystère. Il s’ouvre à fleur de rue sur la poésie intérieure et primitive, lisse, naturelle et comme éblouie qui émane des sculptures sur bois de Luigi Buffo.

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    On sait que l’univers de créations édifié par cet ancien maçon autour de sa villa de Lagardelle sur Lèze (près de Toulouse) n’a pas survécu au vingtième siècle.

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    Mais grâce aux Amoureux son feu central couve toujours sous la cendre de nos regrets.

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    Et si les vies de Pierre-Louis et de Martine son épouse avaient besoin d’être justifiées, elles le seraient suffisamment sans doute par leur sauvetage de cette partie de l’oeuvre de Lui Buffo qu’ils protègent et montrent avec un plaisir simple et toujours renouvelé.

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  • Arène et sirène

    On a tort de croire que tous les villages de Provence n’ont que des coins rendus croquignolets par le tourisme de masse. Bien sûr il y a beaucoup de marchés paysans où l’on vend la pacotille si joliment fabriquée en Chine. Beaucoup de bars des arènes où l’Europe burn-aoûtée se gargarise au pastis, le ventre à l’aise dans son Marcel Pagnol pour les nuls.

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    Mais il reste aussi des rues trop perchées pour ne pas être désertées par les tongs et les pantacourts.

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    Des maisons en ruines aux jardins envahis par les ronces.

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    Parfois des pompes à essence rouge et des fantômes de clapiers bleus.

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    Et puis des loups en ciment encore assez féroces.

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    Et des sirènes les bras chargés de conques qui ressemblent à des jambons comme deux gouttes d’eau.

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  • Ernst Herbeck, Der Mannmensch

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    navratil.jpgAu Gugging, à ses chers schizos Léo Navratil dispensait de temps à autres une incitation à la création.

    herbeck portrait.jpgPour Ernst Herbeck qui se sentait comme un corps étranger dans la société et dont les rares paroles étaient, selon lui, « téléguidées » par une hypnotiseuse, le psychiatre un jour propose (avec un bristol de la taille d’une carte postale) ce thème : La mort.

    Ernst alors écrit :

    La mort un jour s’est immiscée.

    et aux morts a volé la vie.

    ainsi la mort comme alors s’est effacée.

    et aux morts offrait à nouveau

                                                        la vie.

    La version originale figure dans les 100 Poèmes / Gedichte, un petit livre rouge publié chez Harpo & en 2002

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    Der Tod kam einst einhergeschlichen.

    und raubte den Toten das Leben.

    so ist der Tod wie einst verblichen.

    und schenkte den Toten wieder

                                                      das Leben.

    Pour transposer en français les formes linguistiques originales dont Herbeck usait dans ses écrits, il n’a pas fallu moins de 5 traducteurs : Eric Dortu, Sabine Günther, Pierre Mréjen, Hendrik Sturm, Bénedicte Vilgrain. Cela valait la peine. On le sent bien. Surtout les jours où, comme l’écrit Ernst Herbeck dans un autre poème :

    La révolution est finie

    le temps est passé,

    et le fusil maudit.

    pourtant la GUERre    va

                                          son train.

    « Doch der KRIEg    geht weiter » C’est un halluciné lucide dont on entend la voix. Un écrivain qui, selon Navratil, « ne corrigeait pas, ne retravaillait pas ses textes, ne les conservait pas, ne choisissait pas ceux qui seraient publiés ».

    Un poète qui, à propos de la poésie, disait : « c’est seulement passager chez l’homme ».


    La particularité d’Ernst Herbeck c’est l’écrivain allemand W.G. Sebald qui a su le mieux nous la  transmettre : « Au moment de se quitter Ernst Herbeck éleva son chapeau et, debout sur la pointe des pieds, légèrement penché en avant, fit un mouvement circulaire, pour qu’au retour son chapeau regagne sa tête, le tout comme un jeu d’enfant et l’effet d’un art difficile tout à la fois ».

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  • Disparu ou mystérieux le Rebell de Boisson

    Disparus ou ... mystérieux. Autant dire interstiCiels. Avec ces points de suspension surtout. Brèche où le lézard du sens s’insinue.

    collection.JPGComment ne pas être interpellé par une collection littéraire qui porte un tel titre ? Même si elle date des années trente du siècle dernier. Même si elle compte peu de titres.

    Marcel Seheur, son éditeur, aimait les graveurs sur bois. Jean-Paul Dubray, le directeur de la collection était graveur. Jean Lébédeff, l’illustrateur de la couverture du Hugues Rebell intime, fut un des plus actifs artistes du livre de l’entre-deux guerres.

     

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    Rebell est un personnage dont on ne sait jamais qui le connait. Mieux vaut à son propos renvoyer aux sources qui ne manquent pas. Car, quand on se risque à vouloir présenter cet écrivain d’un paganisme nietzschéen porté à l’érotisme, on ignore si on ne va pas enfoncer une porte ouverte aux yeux des happy fews férus de fin de siècle.

    Marius Boisson servit de nègre à Hugues Rebell à la fin de sa vie. L’auteur de La Nichina ou des Nuits chaudes du Cap français, avait recours (selon les bonnes recettes de la littérature populaire) à ce genre de collaborateurs occasionnels. Le Rebell de Boisson n’est pas l’esthète décadent et voyageur qu’il fut dans sa jeunesse. 

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    Cet excentrique nantais qui se vêtait d’une soutane de cardinal pour écrire des romans d’une polissonnerie teinté de perversion 1900 nous apparaît plutôt comme un martyr de l’écriture alimentaire, empêtré dans ses combines avec les éditeurs. Harcelé par les créanciers, les maîtres chanteurs et la maladie. Acharné à sauver sa bibliothèque de livres précieux du désastre final.

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    Mais là n’est pas notre propos. L’ouvrage de Marius Boisson reproduit (en noir hélas) 3 aquarelles d’Hugues Rebell dont une d’une pornographie confuse et tumultueuse où se décèle une influence symboliste derrière la désinvolture de l‘exécution  assumée sans souci d’enrobage.

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    Pour la petite histoire, il faut se rappeler que Rebell faillit épouser la fille du graveur Félicien Rops. Extrait d’un manuscrit de flagellation – sujet sur lequel Rebell se pencha sous pseudonyme dans un livre de 1905 (Le Fouet à Londres) – cette image rustaude et explicite a figuré chez Christie’s dans une vente en 2014.

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  • Elémentaire mon cher boson *

    Bibliothèque municipale. Pas d’expo cette année malgré les vacances. Sucrée pour « raisons budgétaires ». Collectivités locales ponctionnées par l’Etat (tout pour le foot). A l’heure de la sieste on éteint les barres de leds. L’été, sans la clim, ça tient trop chaud. Petit fauteuil crapaud où s’effondrer pour lire la presse dans le blackout. Figaro ci, Inrocks là. Brexit, attentats, Tour de France, 49-3. Les Particules élémentaires oubliées sur la table. Faut-il être désœuvrée pour arriver à la page 39 !

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    Au milieu d’un pavé plutôt rasoir sur la vie du père de Bruno, l’un des ectoplasmiques protagonistes de ce déjà vieux roman de notre coqueluche littéraire du début du XXIe siècle, un passage qui porterait presque à se faire un film en attendant l’happy hour : « (…) il parlait réellement de moins en moins. Il construisait des petits autels avec des cailloux, des branchages, des carapaces, des crustacés; puis il les photographiait sous une lumière rasante »

     

    * Boson, kesako ? C'est la particule de dieu !

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  • Sables mouvants

    Allez savoir ce qui, dans la boîte d’un bouquiniste ou sur les rayons d’une bibliothèque de hasard, nous fait choisir tel livre de poche plutôt qu’un autre ? Sans se soucier que l’écrivain ainsi élu soit déjà dans ce purgatoire où le mouvement versatile des temps et des choses pousse les talents.

    Hervé Guibert, par exemple, dont un petit roman dédié en 1985 « à l’ami mort » (Michel Foucault) m’est tombé entre les mains sans que je sache quel profit interstiCiel j’allais en tirer.

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    Ce n’est pas la couverture réalisée d’après un académique tableau d’Evariste Vital Luminais, revu et corrigé par je ne sais quel Ben ou Fromanger, qui fut la cause de cette rencontre.

    l'internationale intersticielle,hervé guibert,michel foucault

    Plutôt le titre laconique (Des aveugles) s’associa-t-il trop bien dans mon esprit à cet « air sérieux, halluciné, presque somnambulique » (Edmund White) qui flotte encore dans le regard de Guibert maintenant qu’il est dissocié de cette image angélique et satanique de bogosse qui lui collait au visage.

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    « A l’origine de cette fiction - précise l’avant-propos du livre – il y a l’expérience menée par Hervé Guibert à l’Institut National des Jeunes Aveugles, où il fit d’abord un reportage puis devint lecteur bénévole. Au sein d’une institution que l’on dirait sortie de Surveiller et punir, Guibert imagine comment les enfants aveugles s’évadent de ces hauts murs par la violence de leurs fantasmes et l’exacerbation de leurs sensations » (Frédéric Gaussen).

    Et cela nous mène, dans un bac à sable où Josette et Robert, les deux principaux héros de cette chronique de la cécité, expérimentent de nouvelles pratiques de communication où l’art et l’érotisme se mêlent si intimement qu’elles relèguent loin derrière elles bien des dérisoires tentatives avant-gardistes de notre contemporanéité : « chacun, l’un après l’autre, croyait dessiner quelque chose de son corps, le faire toucher à l’autre dans le sable, comme si cette première caresse loin du corps donnait ensuite le droit d’y avoir accès, sous le vêtement ou à travers. Des motifs simples furent dessinés. Puis au cours des ans, l’exploration mutuelle prenant des formes différentes, des orgies abstraites comme des géométries apparurent et disparurent dans le sable ».

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