Une exposition Pierre Della Giustina ça se mérite. Tant pis si c’est le marché et la Feria du Riz.
On trouve toujours une place pour se garer dans Arles puis arpenter un dédale de rues ponctuées de clins d’œil graphiques.
Et si « la douceur des choses » est un peu chauffée à blanc par la canicule, on parvient quand même place de la République.
A l’ogivale Chapelle Sainte-Anne (vis-à-vis Saint-Trophime) qui abrite jusqu’au samedi 8 octobre 2016 d’impressionnants Sculptures/Gravures/Bas-reliefs de cet artiste exigeant qui mène, depuis un certain temps déjà, une lutte pleine de risques et de conquêtes avec la matière, avec l’espace, avec les couleurs et la lumière.
Pierre ne sort pas toujours victorieux de cette confrontation avec son « work in progress ». Elle le conduit à expérimenter sans cesse, en remettant sur le métier des œuvres qu’il modifie, transmue, décompose et recompose au sein de l’atelier de son Auvergne natale.
Cette façon démiurgique de pétrir sa création a quelque chose d’héroïque qui finit paradoxalement à mettre celle-ci en péril. Mais n’en est-il pas de même pour tout véritable artiste ? C’est-à-dire pour tous ceux qui s’adonnent à l’art avec le souci primordial de ses enjeux. Pierre Della Giustina a choisi un chemin difficile mais qui a ses moments de gloire (un mot qu’il n’aimerait pas).
Cette exposition en est un. Pierre aime les défis. Les amateurs, les collectionneurs qui suivent fidèlement son parcours très personnel le savent bien. Della-comme ils disent- n’est pas du genre à rechigner devant la tâche.
A fortiori si celle-ci nécessite la résolution de problèmes techniques comme c’est ici le cas avec suspension de gigantesques assemblages presque abstraits.
Amaigri par le travail, ému et joyeux, Pierre Della Giustina a su s’inscrire dans cet ancien musée lapidaire, « un lieu impressionnant » dont il redoutait, à juste titre qu’il puisse « devenir écrasant ».
L’ovation qui lui fut réservée pendant le vernissage ne partait pas seulement de ses amis, des officiels et des organisateurs de l’association Originart, promoteurs de cette exposition-jalon, tout à la fois rétrospective et ouverte sur des voies nouvelles où la peinture et la sculpture cessent d’être perçues contradictoirement. Où l’une mène à l’autre et réciproquement comme le mouvement d’un métronome.
Cette manifestation d’admiration mêlée d’affection venait du cœur du public, nombreux ce samedi radieux. « Travailler sur le vide, créer de la légèreté et de la dynamique »… le plasticien, très conscient de son rôle, n’en finissait pas d’expliquer à tous ceux qui lui posaient des questions. Trop de questions peut-être mais on ne saurait bouder son plaisir. L’Homme qui marche, la grande statue, point d’orgue de l’absidiole, mettait son grain de sel en dialoguant avec le soleil tombé de la verrière.
On aimerait avoir un palais -ou du moins un haut plafond- pour s’offrir un groupe de Della qui présente aussi des gravures.
La manière dont il renouvelle le thème -trop traité (ou maltraité)- de la tauromachie a sans conteste de quoi attirer et intriguer les aficions.
Dans les limites de cette note, il est exclu de s’attarder sur chacune des œuvres présentées à la Chapelle Sainte-Anne. Si nous avons privilégié les détails, c’est que nous ne saurions déflorer en quoi que ce soit une exposition incontournable. Les amateurs ont d’ailleurs presque un mois (attention ça passe vite !) pour la découvrir.